Nuages
La description des nuages
exige de faire diligence —
en une fraction de seconde
ils ne sont plus eux, ils sont autres.
Leur trait principal consiste
à ne jamais reproduire
ni formes, ni teintes, ni poses, ni dessins.
Jamais porteurs d’aucune mémoire,
légers, ils survolent la gravité des faits.
Témoins de quelque chose — vous voulez rire!
au moindre souffle, voilà qu’ils s’éparpillent.
En regard des nuages
la vie semble solide,
presque enracinée, quasi éternelle.
À côté des nuages
les pierres sont nos cœurs,
nous pouvons compter sur elles,
alors qu’eux : des cousins lointains et volages.
Que les gens soient, s’ils y tiennent,
et qu’ils meurent ensuite un à un,
les nuages n’en ont rien à faire
de ces affaires
extraordinaires.
Au dessus de ta vie parfaite
et de la mienne, imparfaite pour l’instant,
ils paradent, fastueux comme avant.
De périr avec nous ils ne sont point tenus.
Pour voguer, nul besoin d’être vu.