Mercredi, je n’ai pas eu le temps d’aller sur internet. Et je constate que la révolte commence à gronder :))
Mais ne soyez pas surpris, car en France également nous ressentons un malaise avec tous ces noms qui n’ont pas de féminin.
D’abord, je règle tout de suite le cas le plus simple, celui du féminin de “dentiste”. Ce féminin est reconnu et donc vous pouvez dire sans hésitation : “je vais chez un dentiste” (un homme) et “je vais chez une dentiste” (une femme).
Un autre cas a été soulevé, celui de “mon ami” (un homme) et de “ma amie” (expression incorrecte). En réalité, dans ce cas, il n’y a qu’une règle simple à appliquer:
devant une voyelle ou devant un “h” qui n’est pas aspiré (histoire, par exemple : on prononce ce mot en ignorant le “h”) le possesif “ma” devient “mon”. Pourquoi ? C’est essentiellement lié à un problème de prononciation.
Ainsi, “amie” est un nom féminin. Donc, on devrait dire “ma amie”. Le “a” de ami nous oblige à dire “mon amie”.
Il en va de même avec “histoire”. On ne dit pas “ma histoire” mais “mon histoire”.
Dans le mot hyène, le “h” est aspiré (c’est à dire qu’il se prononce en quelque sorte. Ce type de “h” interdit toute liaison avec le mot qui précède). En conséquence on dit “ma hyène”
Maintenant, examinons les cas plus fâcheux de “médecin”, “écrivain” et “professeur”.
Malheureusement, vous en découvrirez d’autres !
Dans toute sa rigueur, la langue française n’accepte pas le féminin. (voir divers dictionnaires qui se veulent les gardiens de la langue française et en particulier “le Robert” ou “le Littré” ainsi que le dictionnaire : “Les difficultés de la langue française”)
Donc, nous devrions tous dire :
“Cette femme est UN médecin remarquable” ,
“Cette femme est UN célèbre écrivain”
“Cette femme est UN professeur hors pair”
Mais beaucoup de Français et encore plus de Françaises sont de plus en plus exaspérés par cette lacune qui met tout le monde mal à l’aise. Donc, certains tentent de faire évoluer la langue française en essayant d’imposer leurs solutions. Dans le passé, ces “avant-gardistes” étaient les écrivains et maintenant ce sont de plus en plus des journalistes ou des féministes.
Quels résultats ont été obtenus ?
Pour les médecins, une solution semble s’imposer : “la femme médecin”. Mais il faut reconnaître que ce n’est pas vraiment satisfaisant. Le fait d’accoler le mot “femme” au mot “médecin” peut être interprété comme la manifestation d’une certaine condescendance à l’égard des femmes, puisque cette solution définit “la femme médecin” par rapport au médecin qui, dans l’inconscient de chacun, est un homme.
Références :
Le Robert
Par apposition : Femme médecin. - Docteur, doctoresse. -
Littré :
En parlant d'une femme, on dit une femme médecin, comme une femme auteur.
Pour les écrivains, le même type de solution semble être retenu.
Références :
Le Robert :
Par apposition : (pour suppléer l'absence de forme féminine). Une femme écrivain. –
Écrivain n'a pas de forme féminine. On dit : «Madame de Sévigné est un grand écrivain» (Académie).
Cependant il arrive qu'on lui forge plaisamment un féminin .
« Vite mes savates! je sens le poème! s'écriait une écrivaine.
COLETTE, Trois... six... neuf..., p. 34, in GREVISSE. »
Cet emploi est le plus souvent ironique.
On trouve aussi rarement : une écrivain (voir Barrès).
Littré :
Il se dit aussi des femmes. Mme de Staël est un très bon écrivain.
Pour les professeurs, aucune solution n’est en vue, sauf chez les étudiants (un prof, une prof).
Références :
Le Robert :
Certaines formes au féminin ont été tentées sans succès : une professeuse, une professoresse (Bloy, la Femme pauvre), une professeur.
Le masculin est seul en usage en parlant des femmes. Trois professeurs femmes (Gide, Journal, 3 mars 1943). Le professeur Paulette Gauthier-Villars (Colette, le Fanal bleu, p. 67).
Le Littré :
Le féminin professeuse, bien que employé par Voltaire, ne paraît pas devoir réussir. Aujourd'hui, on s'accoutume à dire professeur au féminin, comme on dit une femme auteur.
Puisqu’il faut bien conclure, pour vous éviter bien des « cas de conscience », suivez la règle toujours en vigueur qui veut que
« médecin », « professeur » et « écrivain » n’admettent pas de féminin. Jusqu’à nouvel ordre vous serez certains de ne pas commettre de faute de français, si ce n’est une faute de courtoisie !